J’innove et je ne suis pas une startup, c’est grave docteur ? (1)
De nombreuses PME innovent et se réinventent depuis des années. Mais elles ne se reconnaissent ni dans le terme startup, ni dans les modes d’animation et les codes de communication des startups diffusés sur le web et dans les médias. Retour sur leurs profils et leur parcours.
Des secteurs traditionnels bousculés qui ont su réagir
Les PME des secteurs traditionnels sont souvent des sociétés qui ont vécu des ruptures et changements mais qui ont su s’adapter et rebondir par le biais de l’innovation.
Dans certains cas, des crises ou difficultés ont amené à la revente ou à la reprise de la société par un dirigeant qui la redynamise. Comme chez Zodiac Nautic, qui élargit, relance et digitalise son offre.
Il peut s’agir d’un changement de génération, par exemple dans une activité traditionnelle liée au bâtiment. Chez Muzzarelli, à la deuxième génération, la société s’est spécialisée dans la restauration pierre des monuments historiques et se diversifie aujourd’hui dans d’autres produits en pierre naturelle. Parfois un accident grave amène la société à se repositionner et à faire une importante mutation de l’activité et des valeurs de l’entreprise. C’était le cas, dans le monde des semences chez Agronutrition, dont les locaux étaient situés près d’AZF et qui a déménagé hors de Toulouse à Carbonne après l’accident.
Des produits avec des cycles de développement longs et coûteux
Par ailleurs, l’innovation peut nécessiter l’adaptation d’une ligne de production, la construction de dispositifs coûteux dans le monde de l’énergie et de l’industrie. Nous sommes alors sur des cycles de décision longs. C’est le cas chez Boostheat, startup qui a développé une chaudière à compression thermique très innovante il y a 7 ans. Ils lancent la commercialisation seulement cette année.
Dans un autre domaine, le monde du médicament avec ses tests cliniques travaille à une échelle et à un rythme totalement différent des startups du web. Ces secteurs nécessitent des investissements lourds. Les prises de décision y sont beaucoup plus lentes, documentées et critiques.
Les modes de communication très réactifs sur les réseaux sociaux, les événements collaboratifs très ouverts, peuvent y être utiles dans certaines phases de commercialisation grand public. Mais ils sont inadaptés voir contre-productifs si on y promet pour demain des innovations qui sont loin d‘être mûres. L’effet « déceptif » de l’annonce trop rapide est décuplé sur le web.
Les investisseurs seront probablement plus sereins d’investir sur de l’innovation industrielle dans des PME ayant déjà un volant d’activité solide . D’ailleurs, les startups portant des projets innovants industriels très capitalistiques s’allient souvent à des partenaires plus gros et plus installés. Cela leur permet de gagner la confiance et de financer leur projet dans le long terme.
Des équipes plus hétérogènes en termes de profils et de générations
Dans les PME issues de secteurs traditionnels hors des grosses métropoles régionales, le profil des jeunes urbains diplômés et connectés, très présents dans les startups, n’est pas majoritaire. On croise de fait dans les entreprises des équipes qui mixent plus les générations et les niveaux d’études.
Dans ces entreprises, la culture du numérique est l’affaire de certains mais pas forcément de tous. Ainsi la créativité et l’innovation y sont présentes, avec plus de diversité dans les points de vue. Mais souvent, on y passe moins de temps à le faire savoir et à le partager à l’extérieur.
Cévennes Evasion s’est développée progressivement au-delà de son activité de tourisme nature. Ils ont développé les travaux en hauteur, la fabrication d‘équipements de canyoning et spéléologie. Ils réalisent aussi la fabrication de cabanes perchées et d’équipements d’accrobranche.
Si ces entreprises ne se mettent pas toujours en avant, ce sont souvent les acteurs du développement économique et de l’innovation qui les y aident. Les agences AD’OCC et la CCI Occitanie en Occitanie ou ADI Nouvelle Aquitaine leur permettentde développer des projets via des partenariats.
Un commentaire